Catégorie : Solidarité et copinages

Texte de présentation (octobre 2016)

Depuis de nombreuses années la Méditerranée est devenue un véritable cimetière pour les migrant-e-s. En cause, la politique migratoire des États européens et de l’État français, avant tout sécuritaire : ils dépensent des sommes colossales pour empêcher les migrant-e-s d’arriver en militarisant les frontières, en contrôlant, « triant » dans des camps, en construisant des murs ou en expulsant vers une Turquie en pleine dérive autoritaire. Le choix du gouvernement français de n’accueillir qu’une poignée des populations qui fuient les guerres, le terrorisme, la misère constitue un véritable crime et vise en réalité à diviser les populations, à rendre les migrant-e-s invisibles tout en entretenant la peur de l’étranger.

Dans notre ville comme ailleurs, les moyens donnés par l’État et les collectivités locales sont nettement insuffisants, à commencer par le manque de logements, malgré les places supplémentaires des nouveaux CADA. De nombreuses personnes, des familles, des enfants, se retrouvent à la rue, isolé-e-s et sans moyens de subsistance. Rien, ou très peu, n’est prévu pour assurer l’interprétariat, les cours de français, l’accès aux soins et aux transports…
Toutes ces tâches reposent sur d’éventuel-le-s bénévoles.
Nous refusons la discrimination entre migrant-e-s économiques et réfugié-e-s politiques et nous luttons pour le droit de vivre et s’installer pour tou-te-s, là où chacun-e le souhaite. Notre collectif, créé en mai 2016, veut impulser avec les migrant-e-s un réseau de solidarité pour les aider à sortir de leur isolement social, favoriser l’échange, la rencontre et la découverte de notre société. Mais aussi les soutenir dans la bataille pour l’égalité des droits, l’obtention de meilleures conditions d’accueil, et dénoncer l’absence de politiques dignes des enjeux.

Point sur notre fonctionnement (novembre 2016)

Un collectif, c’est comme une auberge espagnole, on y trouve ce que l’on y apporte. Il n’a pas d’existence ni de capacités d’action en dehors des gens qui le composent, qui s’y impliquent, chacun-e selon ses capacités et ses disponibilités. C’est aussi un espace qui peut permettre de renforcer les initiatives des un-e-s et des autres, pour peu qu’elles soient mises au pot commun.
Nous avons fait le choix, et il y a eu débat, d’agir et sur le plan de la solidarité concrète et sur celui plus politique de la visibilisation de la situation des migrant-e-s et des causes qui mènent à cette situation. Car sans replacer la question des migrant-e-s dans l’espace public, il n’y a pas de perspectives autres que celles de coups de main qui pallient des manques comme on bouche un puits sans fond. Jusqu’à ce qu’on abandonne, épuisé-e.
Malgré les difficultés, nous restons persuadé-e-s que notre double positionnement est pertinent. Nous faisons aussi le constat que, même s’ils sont très insuffisants, les espaces de solidarité sur la ville existent, ce qui n’est pas le cas des espaces de visibilité de la situation des migrant-e-s. Et que sans construction commune, il n’y pas de perspectives de bâtir un rapport de force pour tenter de faire bouger les lignes, d’obtenir ce qu’une solidarité individuelle isolée ne peut pas atteindre.

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Procès d’un citoyen solidaire du Briançonnais

Crédit photo : comité de soutien 3+4+2+…

Jeudi 24 octobre à 14h, Pierre, un solidaire briançonnais comparaîtra devant la cour d’appel de Grenoble (38) pour délit de solidarité. Ce nouveau procès succède à celui de Kevin le 2 octobre dont le verdict est attendu le 23 octobre. Comme Kevin, Pierre est accusé d’aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière sur le territoire français. Comme Kevin, Pierre est poursuivi alors qu’il portait secours à des personnes en danger en montagne, en hiver dans les Hautes-Alpes.

Communiqué de presse 

Lettre de Pierre https://collectifmigrant-e-sbienvenue34.org/wp-content/uploads/2019/10/2019-10-16-Appel-à-soutien-des-maraudeurs-lettre-de-Pierre.pdf

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Pétition : Monsieur Castaner, votre politique d’enfermement en rétention a franchi la ligne rouge

Des personnes étrangères s’automutilent ou tentent de se suicider dans les centres de rétention administrative (CRA). Au cours de ces quinze derniers mois, deux hommes se sont donné la mort dans ces lieux où l’administration enferme des dizaines de milliers personnes pour les expulser du territoire français. D’autres se révoltent ou expriment leur désespoir à travers des lettres publiques, des grèves de la faim, des émeutes ou des tentatives d’incendie. Ces actes qui se multiplient à une fréquence inédite sont le résultat d’une politique inacceptable qui a conduit à une situation extrêmement alarmante.

A l’initiative de La Cimade, 22 associations engagées en faveur des personnes migrantes et réfugiées, ont décidé d’interpeller publiquement le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner car la politique d’enfermement en rétention a franchi la ligne rouge.

Cette violence est le résultat direct de la politique du gouvernement qui a choisi de multiplier les enfermements en rétention, notamment des personnes malades ou vulnérables. Les pratiques illégales de l’administration se multiplient et sont de plus en plus assumées. La loi Asile et Immigration de septembre 2018, a aussi doublé la durée maximale de rétention, permettant d’enfermer toutes les personnes visées durant trois mois, ce qu’aucun gouvernement français n’avait jamais jusqu’alors proposé. Cette politique ne permet pas d’expulser plus, mais elle brise des vies, notamment celles d’enfants, dans un environnement carcéral oppressant.

La situation est explosive et alarmante dans les centres de rétention. Les personnes enfermées se trouvent dans une situation de détresse et face à une violence institutionnelle démesurée qui nie leur humanité.

Je signe la pétition ICI

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La place d’Ibrahima est à l’école, pas en prison (pétition avril 2019)

LA PLACE D’IBRAHIMA, 17 ANS, EST À L’ECOLE, PAS EN PRISON

En 2016, à 14 ans, Ibrahima, a entrepris depuis la Guinée long voyage de tous les dangers, via le Niger, l’Algérie, la Libye et l’Italie … Arrivé en France en mars 2018 il a été pris en charge à Montpellier par l’Aide Sociale à l’Enfance, comme la loi l’exige (Loi du 5 Mars 2007). Hebergé depuis septembre 2018 au foyer résidence habitat jeunes à Béziers, il est scolarisé en lycée à Bédarieux où il prépare un CAP .Il aura 17 ans fin mai 2019.

Le 19 mars 2019, la PAF (Police Aux Frontières) vient l’interpeller dans son foyer , puis après une garde à vue pour mise en doute de sa minorité, il est incarcéré le 21 mars à la maison d’arrêt pour adultes de Villeneuve Lès Maguelone. l’ASE a suspendu la prise en charge sans attendre le jugement et le foyer a aussitôt vidé sa chambre. Ses professeurs n’ont pas été prévenus. Le 23 avril 2019 il sera jugé en correctionnelle à Montpellier.

Nous sommes indignés-es de constater que tous les efforts et l’énergie déployés par Ibrahima, par les services sociaux, les éducateurs, les enseignants, les bénévoles, ainsi que son désir d’intégration, soient mis à mal. Nous estimons que c’est un véritable gâchis, c’est la vie d’un enfant brisée.

NOUS DEMANDONS LA LIBERATION IMMEDIATE D’ IBRAHIMA Que sa parole, ses papiers soient reconnus afin qu’il puisse à nouveau bénéficier de l’aide due à tout mineur et poursuivre sa scolarité. Que lui soit rendu le droit de vivre dignement et de poursuivre dans la voie qu’il s’est choisie sur le territoire français, Premiers signataires : ACAT Pezenas, AMI , AMIC, CCFD-Terre solidaire Hérault , Collectif Solidarité Réfugiés du piscénois, LSR, RESF, Stop racisme Pézenas , Sud éducation

Pétition ci-contre

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Appel à une journée nationale d’action le 10 janvier contre les violences policières en bandes organisées

À l’occasion d’un nouveau procès contre 2 solidaires, Pierre et Kévin, le 10 janvier, et avec l’ensemble des membres du comité de soutien aux 3+4+2+… de Briançon, nous lançons un appel à une journée nationale d’action le 10 janvier contre les violences policières institutionnelles, partout où ces violences s’exercent :
• à Calais, dans les rues de Paris, à la frontière contre les personnes exilées
• à Bure, ND des Landes, Sivens… contre les défenseurs de notre unique planète
• dans les quartiers populaires contre les personnes discriminées
• et plus généralement dans les rues contre le mouvement social et les journalistes
Vous trouverez en pièce jointe le flyer rédigé à cet effet.
• Si vous voulez soutenir cet appel, merci de nous le dire et nous noterons le nom de votre organisation sur le site du comité de soutien : www.relaxepourles3plus4.fr
• Merci de le relayer dans vos réseaux sans restriction
• Et surtout organisons le maximum d’actions dans toutes les régions.
Libre à vous d’élargir aux autres formes de violences institutionnelles que subissent également la plupart des personnes exilées, en particulier les plus vulnérables d’entre elles, telles les personnes mineures isolées.
Un point d’attention important cependant: comme vous le savez, nous veillons à ne pas généraliser et encore moins à essentialiser les violences policières. Ce n’est pas le procès des policiers et des gendarmes que nous faisons mais celui d’un gouvernement qui utilise la force et la violence (et nos impôts) contre des personnes qui affirment leur humanité et leur solidarité. Nous encourageons par contre les fonctionnaires à désobéir à des ordres illégaux, inhumains et dangereux. Ils en ont le droit et le devoir et certains agissent ainsi, mais sans doute de manière trop isolée et sans soulever l’omerta. Nous espérons que cette action nationale les encouragera à agir plus collectivement et plus ouvertement dans le respect des droits humains.

Par ailleurs, nous vous informons que 2 rendez vous ont lieu dans les Hautes-Alpes en lien avec cette journée nationale:

Mercredi 9 janvier à 15h sur le front de neige de Montgenèvre là où la frontière et la présence policière accentue les dangers de la montagne
pour dénoncer les violences policières et le déni de droit à la frontière, soutenir l’action des maraudeurs solidaire, sensibiliser la population aux démarches à suivre pour aider une personne en détresse en montagne

Jeudi 10 janvier à 8h30 devant le tribunal de Gap pour :
• exiger la relaxe de Pierre et Kévin
• affirmer le droit de circulation pour tous (art. 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme) en rappelant qu’il n’y a pas d’étranger sur cette planète,
• dire stop aux violences policières partout où elles s’exercent contre les exilés, les sans-papiers, les discriminés, les manifestants…,
• dire stop aux dérives de l’Etat de droit qui ordonne ces violences.

Nous rappelons une nouvelle fois que chaque jour et chaque nuit, des hommes, des femmes et des enfants fuient la misère, l’injustice sociale, la violence, et tentent de rejoindre la France, attirés par l’idéal des droits de l’homme, l’espoir d’une vie meilleure et d’un coin de terre où vivre libre et en paix.
Depuis des mois, la police les traque dans la montagne et les refoule quais systématiquement, sur ordre de l’Etat. Ceci est ILLEGAL, comme le dénoncent le Défenseur des Droits, la Commission Consultative des Droits de l’Homme et les associations.
PLUSIEURS PERSONNES SONT DÉJÀ MORTES EN TENTANT DE REJOINDRE BRIANÇON
Depuis novembre 2016, de nombreuses alertes, signalements et plaintes ont été déposés auprès du procureur par Tous Migrants avec le soutien d’associations nationales (Cimade, Secours Catholique, Amnesty, Médecins sans Frontières etc.).
Nous ne sacrifierons pas notre conscience à des politiques inhumaines, érigeant des murs uniquement contre les personnes vulnérables, les désignant ainsi de manière cynique, raciste et criminelle comme des indésirables.

Pour toutes informations complémentaires : www.relaxepourles3plus4.fr

Le comité de soutien aux 3+4+2+… / Tous Migrants / …..

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3 mois d’enfermement en rétention : 2019 marque un tournant dans la répression des personnes étrangères

Appel de la Cimade pour la fermeture des Centres de Rétention Administrative

Du 2 janvier au 1er avril 2019, La Cimade témoigne quotidiennement de la nouvelle durée de rétention. Pendant 90 jours, depuis l’intérieur des centres de rétention, une chronique de la honte se déroule via un fil Twitter : #3MoisDerrièreLesBarbelés

Le 2 janvier 2019, la durée maximale d’enfermement en rétention des personnes étrangères va doubler. L’administration a désormais 90 jours, contre 45 auparavant, pour expulser du territoire les personnes privées de liberté dans les centres de rétention administrative (CRA). Cette disposition de la loi asile immigration, très controversée jusqu’au sein des rangs de la majorité, marque un tournant répressif sans précédent.

50 000 personnes subissent la privation de liberté en rétention chaque année en France ; elles sont désormais menacées de trois mois d’enfermement sans avoir commis aucun délit. Les familles avec enfants sont également concernées. Ceci dans un contexte où le nombre de personnes emmenées de force dans ces prisons qui ne disent pas leur nom explose[1]. Un contexte marqué par des tensions, des violences, des violations des droits que les intervenant·e·s en rétention n’avaient jamais constatées. Les traumatismes que cette violence institutionnelle implique seront considérablement amplifiés par cette nouvelle durée délétère.

Les chiffres démentent le gouvernement : une rétention plus longue n’a jamais permis d’expulser plus. Mais la France banalise désormais la privation de liberté sous prétexte de faux arguments d’efficacité.

Ce doublement de la durée maximale de rétention a été voté sans prendre en compte l’analyse des organisations non gouvernementales ou des autorités administratives indépendantes pourtant unanimement critiques[2], sans prendre en considération les éléments objectifs à disposition, et sans évaluation sérieuse. Elle est dictée par l’obsession de dissuader les personnes étrangères, de réprimer plutôt que de protéger. Cette politique revendique une amélioration du taux d’expulsion des personnes étrangères visées par une mesure d’éloignement, sans tirer aucune leçon du passé :

entre 1981 et 2011, la durée maximale de rétention est passée de 7 à 45 jours sans que ce taux ne varie sensiblement
au contraire, en 2011, après son augmentation de 32 à 45 jours, le nombre de personnes expulsées depuis les CRA de métropole a baissé (31 % en 2010, puis 20 à 29 % entre 2012 et 2016).
Alors que le Conseil d’État s’était interrogé sur la pertinence de cette mesure[3], la commission des lois du Sénat était plus explicite dans son analyse du projet de loi : « cette mesure d’affichage ne s’attaque pas à la véritable cause des taux dérisoires d’éloignement : la mauvaise volonté de certains pays tiers pour accueillir leurs ressortissants et leur délivrer des laissez-passer consulaires. En 2016 sur l’ensemble des laissez-passer consulaires demandés (5 859), ce n’est que dans 3 % des cas que les documents de voyage sont arrivés trop tard (170), alors que dans 50 % des cas le pays n’a tout simplement jamais répondu ».

Des milliers de personnes vont ainsi subir ce qui s’apparente à une véritable peine de prison. Alors que la France est déjà le pays européen qui prononce le plus de « mesures d’éloignement » (plus de 100 000 obligations de quitter le territoire par an), c’est aussi le pays européen qui enferme le plus, au mépris des droits. Ainsi, le taux d’annulation des procédures par les juges frôle les 40 % : autant de personnes enfermées illégalement par l’administration.

Entrer en France, avoir le droit d’y résider, renouveler un titre de séjour, est toujours plus difficile. L’enfermement, le contrôle, la répression prennent le pas sur le respect des droits les plus fondamentaux, et notamment sur le droit de circuler librement. Ce sont ces droits qui devraient guider, entièrement, les politiques migratoires françaises et européennes.

C’est au nom de ces principes que La Cimade appelle à la fermeture des centres de rétention administrative.

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8 NOVEMBRE : MOBILISATION GÉNÉRALE POUR LES 3+4 DE BRIANÇON

25 octobre 2018
Bastien, Benoît, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo vont être jugé•e•s le 8 novembre 2018 au tribunal de Gap. Poursuivis pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire national, en bande organisée », ils risquent jusqu’à 10 ans de prison et 750 000 euros d’amende. Leur […]

Bastien, Benoît, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo vont être jugé•e•s le 8 novembre 2018 au tribunal de Gap. Poursuivis pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire national, en bande organisée », ils risquent jusqu’à 10 ans de prison et 750 000 euros d’amende. Leur seul tort : avoir participé à une marche solidaire pour dénoncer les agissements de Génération identitaire qui bloquait la frontière au col de l’échelle pour s’en prendre à des personnes exilées.
Actuellement plusieurs initiatives de soutien sont en cours en amont du procès.
– Une pétition :
– Un appel aux dons : https://www.gofundme.com/liberte-pour-les-7-de-briancon
– Un site dédié pour avoir toutes les infos , et tous les outils et infos pratiques pour une mobilisation générale : https://www.relaxepourles3plus4.fr/
Le 7 novembre, soirée de soutien à Guillestre dans les Hautes-Alpes avec concert et prise de parole avec le soutien de Massilia Sound System, compagnie KTA et PassportQuartet. https://www.relaxepourles3plus4.fr/outils-pour-la-mobilisation/les-prochains-rendez-vous/
Jeudi 8 novembre à 8h30, jour du procès : rassemblement massif devant le tribunal de Gap. Mobilisons-nous !
Pour les marseillais et les aixois, départ collectif en bus.
Contact : mars3plus4debriancon@riseup.net / tel. 07 58 84 68 75
Informations : https://www.relaxepourles3plus4.fr/outils-pour-la-mobilisation/transport-pour-le-8-nov/

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le squat “le château”, reportage de France 3

Le squat «  le château » c’est cet endroit, situé juste derrière la gare Saint-Roch à Montpellier. Un ancien immeuble appartenant à la SNCF, et laissé à l’abandon depuis des années. Il y a neuf mois, Samuel Forest choisi de réquisitionner le bâtiment pour y loger des demandeurs d’asile sans solutions de logements.

Aujourd’hui, 80 personnes vivent dans ce squat. Exclusivement des hommes, car les familles sont logées en priorité et eux se retrouvent seuls à la rue.

A plusieurs reprises, ces hommes ont tenté d’appeler le 115, mais la réponse est toujours la même, il n’y a pas de place, et c’est pareil dans les centres de demandeurs d’asiles. Pourtant, d’après la loi, ces personnes ont le droit à un hébergement pendant l’instruction de leur dossier.

Pour les associations, ces lieux bien qu’illégaux sont alors légitimes.

De son côté, la SNCF, propriétaire des lieux met en avant l’insécurité du fait de la proximité de cataners électriques pour mettre ces gens dehors.
Un avis d’expulsion a été délivré par huissier aux occupants. Le dossier passe au tribunal administratif le 15 octobre prochain.

Le reportage de Caroline Agullo, Délphine Aldebert et Laurence Chraïbi :

 

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Grèce: 2 bénévoles en détention provisoire

Help is no crime: stand with volunteers against the criminalisation of solidarity.

2 bénévoles, Sarah Mardini et Sean Binder, ont été arrêtés en Grèce pour avoir aidé des réfugiés. Ils sont en détention provisoire. Leur arrestation illustre une inquiétante tendance à criminaliser la solidarité en Europe. Sarah et Sean ont besoin du soutien de toutes et tous. L’appel initié par ECI (European Citizens Initiative ECI campaign), relayé par PICUM, demande leur libération et l’arrêt de la criminalisation de la solidarité. Il est signé par une soixantaine d’organisations dont RESF.

A titre individuel, vous pouvez :

– signer la pétition :

– passer l’un de ces messages sur Facebook et twitter :

Facebook:

1) We stand with Sarah and Seán and call for the end of criminsalising help and assistance to migrants and refugeed. https://weareawelcomingeurope.eu/downloads_materials/ECI_joint_letter_FreeSarahandSean2.pdf #FreeSarahAndSean #WelcomingEurope #HelpIsNoCrime
(optional to add): You can take a stance against criminalisation and sign our #WelcomingEurope citizens’ initiative! https://weareawelcomingeurope.eu/

2) The arrest of the two volunteers Sarah and Seán in Greece is the latest case of a worrying trend: Stand up against the intimidation, arrest and punishment of volunteers who help migrants and refugees and sign the #WelcomingEurope citizens’ initiative! https://weareawelcomingeurope.eu

Twitter:

1) The arrest of Sarah and Seán #FreeSarahAndSean is only the latest case of criminalising help of #volunteers for helping #migrants & #refugees. Help end criminalisation and sign the #WelcomingEurope petition! https://weareawelcomingeurope.eu/

2) We stand with Sarah and Seán and call for the end of criminsalising help and assistance to migrants and refugeed. https://weareawelcomingeurope.eu/downloads_materials/ECI_joint_letter_FreeSarahandSean2.pdf #FreeSarahAndSean #WelcomingEurope #HelpIsNoCrime

https://collectifmigrant-e-sbienvenue34.org/wp-content/uploads/2018/09/ECI-joint-letter-FreeSarahandSean.pdf

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Assemblée locale de Caen : partage d’expérience solidarité et Hébergement

Ci-dessous un extrait d’un texte (rédigé pour la revue des cahiers de l’atelier) concernant des expériences intéressantes dans la région de Caen.

Il existe dans le Calvados des communes qui, en collaboration avec des citoyens, accueillent des migrants. L’État pourrait faciliter et soutenir davantage ces initiatives.
Par exemple, à Louvigny, en avril 2016, des habitants acceptent de mettre à disposition leur maison commune à une famille venant d’Irak puis une discussion est entamée avec la municipalité qui offre un local plus adapté pour cinq mois. Un collectif est créé qui comprend des citoyens et des membres de l’équipe municipale. Des commissions se mettent en place, en lien avec les organismes municipaux, pour répondre aux besoins de la famille hébergée : alimentation, école, transports, santé, centre de loisirs, etc. Une convention est ensuite signée avec Adoma et avec un bailleur social pour que deux logements soient mis à disposition de familles demandeurs d’asile dans le cadre d’un Cada (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) diffus.
En 2016, face à l’arrivée de migrants dans le Calvados, la maire de Trévières, village situé en milieu rural, et quelques citoyens se sont interrogés sur la manière de leur venir en aide ; dans le même temps, le curé de la paroisse et un groupe de chrétiens ont décidé de se mettre en mouvement pour trouver une solution à l’hébergement. Le presbytère, appartenant à la mairie et loué au diocèse, avait un étage complet de libre. Après discussions, il a été décidé d’aménager ce presbytère et de faire appel à l’association le « Temps d’un toit ». Le conseil municipal a donné son accord à l’unanimité et mis en route une réunion publique, avec l’association, qui a permis de désamorcer les craintes. Une famille géorgienne avec trois enfants – hébergée depuis deux ans dans un studio, à Caen – est arrivée en mars 2017. Une proposition de travail a été aussitôt offerte au père, dans une ferme de poulets. Les enfants scolarisés se sont vite intégrés. Le projet se poursuit…
(…)

Il faut également, comme la loi le prévoit, loger les demandeurs d’asile en prenant en compte les besoins et les choix des personnes. Les initiatives citoyennes d’hébergement pourraient également être soutenues et reconnues. Par exemple, l’association Le temps d’un toit, créé en novembre 2013, loge des personnes migrantes dans des logements loués par l’association pour une durée de six mois renouvelable une fois. Le Rase (Réseau d’accueil solidaire des exilés) met en relation des personnes hébergeantes et des personnes migrantes quel que soit leur statut. L’idée est créer un réseau d’accueil dans les familles pour des périodes de deux semaines, avec possibilité de passage d’une famille à l’autre.

(…)

On cite très souvent, mais toujours en la tronquant, la célèbre phrase de Michel Rocard, prétendant que l’on ne peut « accueillir toute la misère du monde ». Ce pseudo argument massue résiste-t-il à l’examen des faits ?
Pour changer le regard sur la migration, il est important de s’appuyer sur des chiffres et sur des analyses précises et documentées. Il faut donc permettre et multiplier les interventions en milieu scolaire qui associent témoignages, rencontres et apports scientifiques.
Il faut également favoriser la rencontre directe avec les personnes migrantes. Par exemple, c’est lors de l’ouverture d’un CAO (centre d’accueil et d’orientation) à Bretteville-sur-Laize qu’un collectif, l’ACDA (Accueil cingalais demandeurs d’asile), s’est créé. De la même façon à Ouistreham, le Camo est issu de la rencontre entre des habitants et des jeunes migrants.
Enfin, la culture peut être utilisée comme un support de lien et de découverte (photos, théâtre, cinéma).L’école nomade est un collectif créé en juillet 2017 par des enseignants en école primaire ayant remarqué que dans leur classe, certains enfants présentaient des carences (fatigue, manque d’hygiène, etc.) parce qu’ils dormaient à la gare. Ces enseignants ont pris contact avec l’Assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions pour donner des cours de français et des mathématiques aux enfants vivants dans les squats. Ils proposent du soutien scolaire deux fois par semaine auprès d’une dizaine d’enfants (Mongols, Bangladais, Géorgiens et Albanais), un atelier d’éducation à l’image (photographie, vidéo), des sorties pédagogiques pour les enfants et leur famille à Caen et alentours (Artothèque, découverte de la ferme, de la boulangerie, expo des photos des enfants, etc.) et des activités culturelles dans les squats (concerts, théâtre, etc.) pour les familles qui vivent dans les squats.

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Ali Sidibé, inCRAcéré à Sète

Aly Sidibé
Par Juliette pour [ExCRAdition Générale !]

Aly Sidibé aura bientôt dix-sept ans, le 10 juillet prochain. Arrivé en France en mars 2017, il est ce qu’on appelle ici un « mineur non-accompagné ». Il est inCRAcéré depuis le 18 mai 2018 à Sète. Du statut de mineur isolé scolarisé, il a dégringolé à celui de « présumé majeur », condamné, enfermé et expulsable.

Après avoir été contrôlé et arrêté à Montpellier le 19 mars 2018, il a été mis trois jours en garde à vue, a subi des tests osseux et dentaires qui ont permis de contester sa minorité (« entre 16 et 18 ans »), a été jugé en comparution immédiate, condamné pour falsification de documents et incarcéré à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, où il est resté « deux mois et une semaine », précise-t- il, avant d’être transféré au CRA de Sète en vue d’une expulsion.

L’OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) à été prononcée durant sa garde à vue, avant même qu’il ne soit jugé et condamné. Un recours a été déposé au Tribunal administratif par Forum réfugiés – l’association qui travaille au Centre de Rétention Administrative de Sète. Mais appels et recours ne suspendent pas l’OQTF. En d’autres termes, il reste expulsable à tout moment, l’objectif étant de l’expulser AVANT sa convocation par le Juge des Libertés et de la Détention, le 17 juin, qui a tout pouvoir pour prolonger son maintien au CRA ou… pour le libérer !

La preuve, Aly nous apprend que, la veille de notre visite, les agents de la Police Aux Frontières sont venus le surprendre à six heures du matin. Il a refusé d’être emmené et embarqué dans un avion pour la Côte d’Ivoire. Selon la loi, les futurs expulsés doivent être avertis de la date de leur « éloignement », ce qui n’a pas été le cas pour Aly. En refusant d’embarquer, Aly s’expose à commettre un délit qualifié d’ «obstruction à la mesure d’éloignement », à être jugé en comparution immédiate, à subir une peine de prison ferme et d’interdiction judiciaire de territoire. On peut alors demander un « report », le temps de préparer le contrôle judiciaire, mais une fois encore, le report n’est pas une mesure suspensive de l’OQTF. Ou alors, plus prosaïquement, on les embarque de force au bout de deux ou trois refus.

Le deuxième avion est déjà en vue…

Aly n’est pas un « sans papiers ». Il est en possession d’un extrait d’acte de naissance prouvant sa minorité. Mais l’administration française ne reconnaît pas forcément les documents administratifs émanant de ses anciennes colonies, écrits à la main ou non authentifiés.
Nous sommes en attente de l’envoi, par la famille d’Aly, de son extrait d’acte de naissance, qu’il faudra encore faire authentifier par le consulat. C’est une course contre la montre, car les procédures d’expulsion accélérées permettent d’exécuter les injustices avant même que ne puissent être établis la bonne foi et le droit des étrangers.

Aly est parti de Côte d’Ivoire avec quelqu’un de son quartier, plus âgé, de confiance. Ils ont fait la route ensemble. Après la mort de son père, sa mère étant gravement malade, la situation familiale est devenue beaucoup trop compliquée… Il a été scolarisé (en français) jusqu’en CM2 et a décidé de venir en France pour pouvoir continuer ses études, souhaitant devenir électricien. Passés par le Mali, l’Algérie, la Libye, ils ont pris un bateau pour l’Italie. Son compagnon de route est resté en Italie. Aly y est resté de juin 2016 à mars 2017, dans un hôtel pour réfugiés. Mais ne voyant pas de possibilités de poursuivre ses études en Italie, ne parlant pas la langue et ne bénéficiant que d’un cours hebdomadaire d’italien, il a continué vers la France.

Arrivé en France en mars 2017, il a été confié à l’Aide Sociale à l’Enfance. D’abord hébergé dans un hôtel pendant cinq jours, il a passé une évaluation, fait quatre mois de stage en électricité, puis a été scolarisé le 13 novembre 2017 au lycée Jean-Jacques Rousseau, à Montpellier, en première année de CAP paysagiste. Il était alors accompagné par l’association Un Toit Où Apprendre, dépendant du réseau de l’association RAIH, et était hébergé dans un appartement, avec deux autres jeunes et une éducatrice qui assurait un suivi. Il avait également trouvé un maître de stage paysagiste et signé une convention de formation en entreprise. Tout semblait en bonne voie pour cet adolescent dont les enseignants vantaient unanimement le sérieux et la motivation : « intéressé et motivé » ; « élève impliqué » ; « volontaire » ; « attitude positive » ; « bonne intégration et implication ». Les documents attestant de sa réussite scolaire ont été transmis au juge…

Il n’a pas de soutien, en dehors de Forum réfugiés, plus d’argent, plus de chargeur pour son téléphone, plus de carte SIM, plus aucun contact avec personne. Il nous donne le nom de deux de ses professeurs. Je parviens à joindre une personne de son établissement, qui me chargera de lui transmettre des messages de soutien de la part de ses professeurs et de ses potes : « On ne t’a pas oublié, on pense fort à toi, tout le temps. On ne savait pas comment te joindre, comment venir te voir ?»

Aly ne comprend pas ce qui se passe, disant qu’il est innocent, que si ses papiers ne suffisent pas, il peut en fournir d’autres, qu’il n’y a pas besoin de le mettre en prison pour cela. Il fait dix pompes au réveil, cinq au coucher. Et il prie pour qu’on le libère.

« On s’est sacrifié pour venir en France et on nous accueille avec de la prison ! Ce n’est pas bien ! Je suis innocent. Je veux être libéré. » Il nous dit qu’ils sont trois jeunes comme lui au centre de rétention, et qu’il y a aussi trois personnes qui font la grève de la faim. Que l’ambiance n’est pas facile au CRA, et que pour ceux qui font le ramadan, la nourriture servie le soir consiste en un mélange de conserves, qu’ils avalent faute de mieux. Il dit qu’il envisage lui aussi se mettre en grève de la faim pour protester contre son expulsion.

* Le 14 juin 2018, trois jours avant son rendez-vous avec le Juge des Libertés et de la Détention, alors qu’il allait être en mesure de prouver sa minorité, Aly a été pris de force à six heures du matin.
Direction : l’aéroport. Affaire Classée. « Ils étaient dix contre un !
Ils ne m’ont pas laissé le choix. Ils m’ont soulevé, menotté, embarqué.» Machine à broyer et à expulser, les CRA. « Ils m’ont eu ! Après tout ce travail, tous ces efforts… J’ai fait des stages gratuits et on m’attache comme un cheval ! Je suis traumatisé, ça peut me rendre fou, à chaque fois que j’y pense, je pleure. Ils ont gelé la loi ! La seule loi, c’est le racisme ! » Il réalise l’esbroufe. Il réalise le mensonge, l’injustice, la brutalité. Je lui dis que sa colère est juste. Je lui dis que ce n’est pas lui, l’animal.

Juliette pour [ExCRAdition Générale !]

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