Assemblée locale de Caen : partage d’expérience solidarité et Hébergement

Ci-dessous un extrait d’un texte (rédigé pour la revue des cahiers de l’atelier) concernant des expériences intéressantes dans la région de Caen.

Il existe dans le Calvados des communes qui, en collaboration avec des citoyens, accueillent des migrants. L’État pourrait faciliter et soutenir davantage ces initiatives.
Par exemple, à Louvigny, en avril 2016, des habitants acceptent de mettre à disposition leur maison commune à une famille venant d’Irak puis une discussion est entamée avec la municipalité qui offre un local plus adapté pour cinq mois. Un collectif est créé qui comprend des citoyens et des membres de l’équipe municipale. Des commissions se mettent en place, en lien avec les organismes municipaux, pour répondre aux besoins de la famille hébergée : alimentation, école, transports, santé, centre de loisirs, etc. Une convention est ensuite signée avec Adoma et avec un bailleur social pour que deux logements soient mis à disposition de familles demandeurs d’asile dans le cadre d’un Cada (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) diffus.
En 2016, face à l’arrivée de migrants dans le Calvados, la maire de Trévières, village situé en milieu rural, et quelques citoyens se sont interrogés sur la manière de leur venir en aide ; dans le même temps, le curé de la paroisse et un groupe de chrétiens ont décidé de se mettre en mouvement pour trouver une solution à l’hébergement. Le presbytère, appartenant à la mairie et loué au diocèse, avait un étage complet de libre. Après discussions, il a été décidé d’aménager ce presbytère et de faire appel à l’association le « Temps d’un toit ». Le conseil municipal a donné son accord à l’unanimité et mis en route une réunion publique, avec l’association, qui a permis de désamorcer les craintes. Une famille géorgienne avec trois enfants – hébergée depuis deux ans dans un studio, à Caen – est arrivée en mars 2017. Une proposition de travail a été aussitôt offerte au père, dans une ferme de poulets. Les enfants scolarisés se sont vite intégrés. Le projet se poursuit…
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Il faut également, comme la loi le prévoit, loger les demandeurs d’asile en prenant en compte les besoins et les choix des personnes. Les initiatives citoyennes d’hébergement pourraient également être soutenues et reconnues. Par exemple, l’association Le temps d’un toit, créé en novembre 2013, loge des personnes migrantes dans des logements loués par l’association pour une durée de six mois renouvelable une fois. Le Rase (Réseau d’accueil solidaire des exilés) met en relation des personnes hébergeantes et des personnes migrantes quel que soit leur statut. L’idée est créer un réseau d’accueil dans les familles pour des périodes de deux semaines, avec possibilité de passage d’une famille à l’autre.

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On cite très souvent, mais toujours en la tronquant, la célèbre phrase de Michel Rocard, prétendant que l’on ne peut « accueillir toute la misère du monde ». Ce pseudo argument massue résiste-t-il à l’examen des faits ?
Pour changer le regard sur la migration, il est important de s’appuyer sur des chiffres et sur des analyses précises et documentées. Il faut donc permettre et multiplier les interventions en milieu scolaire qui associent témoignages, rencontres et apports scientifiques.
Il faut également favoriser la rencontre directe avec les personnes migrantes. Par exemple, c’est lors de l’ouverture d’un CAO (centre d’accueil et d’orientation) à Bretteville-sur-Laize qu’un collectif, l’ACDA (Accueil cingalais demandeurs d’asile), s’est créé. De la même façon à Ouistreham, le Camo est issu de la rencontre entre des habitants et des jeunes migrants.
Enfin, la culture peut être utilisée comme un support de lien et de découverte (photos, théâtre, cinéma).L’école nomade est un collectif créé en juillet 2017 par des enseignants en école primaire ayant remarqué que dans leur classe, certains enfants présentaient des carences (fatigue, manque d’hygiène, etc.) parce qu’ils dormaient à la gare. Ces enseignants ont pris contact avec l’Assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions pour donner des cours de français et des mathématiques aux enfants vivants dans les squats. Ils proposent du soutien scolaire deux fois par semaine auprès d’une dizaine d’enfants (Mongols, Bangladais, Géorgiens et Albanais), un atelier d’éducation à l’image (photographie, vidéo), des sorties pédagogiques pour les enfants et leur famille à Caen et alentours (Artothèque, découverte de la ferme, de la boulangerie, expo des photos des enfants, etc.) et des activités culturelles dans les squats (concerts, théâtre, etc.) pour les familles qui vivent dans les squats.