La chancelière Angela Merkel a annoncé, jeudi 1er juin, que son pays suspendait les expulsions de migrants vers l’Afghanistan, après l’attentat qui a fait au moins 90 morts mercredi à Kaboul dans le quartier ultra-sécurisé des ambassades.
Le ministère des affaires étrangères compte réévaluer la situation sécuritaire en Afghanistan en juillet et, en attendant, le pays procédera uniquement aux « retours volontaires » et « aux expulsions de personnes potentiellement dangereuses et de délinquants sur la base de cas examinés individuellement », a affirmé, face à la presse, Mme Merkel à Berlin.
Mercredi, après l’attentat, le gouvernement allemand avait déjà annulé un premier vol en avion charter. Dans un communiqué, le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a justifié la décision pour des « raisons d’organisation », l’ambassade allemande, qui « joue un rôle logistique important dans l’accueil des personnes expulsées » ayant été très endommagée par l’explosion. Sur le fond, a-t-il néanmoins précisé, les reconduites à la frontière « sont et restent justes », et seront poursuivies, « y compris en Afghanistan ».
La décision de suspendre certaines expulsions vers l’Afghanistan intervient au lendemain de l’arrestation mouvementée à Nuremberg d’un Afghan de 20 ans qui devait être expulsé vers son pays.
« Pays sûr »
Des heurts ont éclaté dans le centre d’apprentissage où il se trouvait. Ses camarades de classe ont organisé un sit-in spontané pour empêcher le véhicule de police de quitter les lieux. Très vite, les manifestants se sont retrouvés à 300, selon la police, qui a déclaré avoir fait usage de gaz lacrymogènes. Trois policiers ont été blessés et plusieurs protestataires ont été interpellés, selon la même source. L’agence de presse allemande DPA a affirmé que le jeune Afghan n’avait pas été expulsé pour le moment.
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Le gouvernement a conclu à l’automne 2016 un accord de reconduite à la frontière avec l’Afghanistan, qui autorise les rapatriements en groupe. Depuis décembre 2016, l’Allemagne a procédé à 106 expulsions de demandeurs d’asile vers l’Afghanistan. L’an dernier, 128 000 demandes d’asile ont été déposées par des Afghans outre-Rhin. Seul un Afghan sur deux reçoit actuellement un droit de séjour en Allemagne.
L’Allemagne est l’un des rares pays à qualifier l’Afghanistan de « pays sûr ». Cette position – qui n’est pas partagée par la France – fait depuis longtemps polémique outre-Rhin. Amnesty International Allemagne et Pro Asyl estiment que les renvois sont « humainement injustifiables » au vu de la détérioration de la situation dans ce pays en 2016 et des nombreuses victimes civiles, notamment des enfants.