Par Marie Ciavatti, France Bleu Hérault vendredi 28 juillet 2017 à 6:50
Une vingtaine de militants soutiennent chaque jour ces demandeurs d’asile devant le commissariat de Montpellier © Radio France – Ciavatti
Le collectif Bienvenue Migrants 34 se mobilise pour défendre 5 demandeurs d’asile menacés d’expulsion à Montpellier. Mardi, Babiker, Soudanais de 26 ans, a été renvoyé vers l’Italie sans préavis.
Ils sont Soudanais, entre 26 et 28 ans. Plusieurs sont originaires du Darfour, province en guerre. Depuis la mi juillet ces cinq demandeurs d’asile, hébergés au CAO (centre d’accueil et d’orientation) du Millénaire à Montpellier, sont assignés à résidence et contraints d’aller pointer chaque jour au commissariat, sur ordre de la préfecture.
Ce jeudi encore ils sont accompagnés par une vingtaine de militants du Collectif Migrants Bienvenue 34, bien décidés à empêcher leur expulsion.
Un sac sur le dos.. en cas d’expulsion. © Radio France – CiavattiTous les jours le même rituel : 16h, ces migrants Soudanais se présentent au poste, paquetage sur le dos, dossier administratif en main, sans savoir s’ils ressortiront tous. La menace permanente d’une expulsion.
« Ça veut dire que tous les jours ils doivent faire leurs adieux comme s’il ne revenaient pas, s’indigne Catherine, membre du Collectif. Ça veut dire qu’ils doivent à chaque fois s’arracher aux peu de relations qu’ils ont pu se faire. Ils sentent bien que leur tour va arriver. C’est grave pour eux. Aucun d’entre eux ne souhaite partir ».
« Tous les jours ils doivent faire leurs adieux comme s’ils ne revenaient pas ». Catherine, militante
« Nous on classe ça dans les traitements inhumains et avilissants. C’est destructeur une pression pareille. » Catherine, du collectif Migrants Bienvenue 34.
16h devant le commissariat de Montpellier © Radio France – CiavattiL’expulsion. C’est ce qui est arrivé mardi à l’un d’eux : Babiker, 26 ans, en France depuis août dernier, arrivé à Montpellier en novembre. Il a été placé en rétention à Nîmes, puis Paris. 24 heures plus tard il était à Bologne en Italie, pays par lequel il est entré en Europe.
« L’Italie est submergée et remet les personnes déboutées dans l’errance ».
Anne, bénévole, a suivi son parcours pendant ces neuf mois et a eu de ses nouvelles le matin même: « On sait qu’il ne va pas bien. On espère qu’il va pouvoir obtenir un statut de réfugié en Italie mais on sait déjà que ce ne sera pas le cas. L’Italie est submergée et remet les personnes déboutées dans l’errance. L’Etat français ne peut pas continuer à ignorer que quand il renvoie des gens ils ne bénéficient d’aucun accueil alors qu’ici ils ont des amis, des soutiens. »
Anne, militante: « On les remet dans la clandestinité, dans l’errance ».
Ces demandeurs d’asile sont ce qu’on appelle des « dublinés », en référence au réglement de Dublin qui permet aux Etats de renvoyer les migrants vers le premier pays d’accueil sur le sol européen.
« Quand les gens entrent en Europe, explique Anne, on prend leurs empreintes dans un pays. Et vous allez retourner dans le pays où vous avez laissé vos empreintes. » En l’occurrence l’Italie pour Babiker et pour les autres. Cette procédure ne leur permet pas d’aller au bout de leur demande de droit d’asile.
© Radio France -Le collectif a déposé un recours devant le tribunal administratif pour contester l’assignation à résidence mais il a été rejeté au motif que l’assignation est moins coercitive que la rétention.