Les PRAHDA, Programmes d’Accueil et d’Hébergement des Demandeurs d’Asile, ce sont les derniers nés des centres créés par le gouvernent pour « accueillir » les demandeurs d’asile ayant fui leur pays. Mais plutôt que d’accueil, leur mission essentielle est de mettre en oeuvre les assignations à résidence et de préparer les expulsions vers d’autres pays européens des personnes en procédure Dublin.
Cette procédure Dublin qui, selon les mots mêmes des personnes migrantes « leur mange la tête ». Selon Dublin, c’est au 1 er pays européen par lequel la personne est entrée (souvent l’Italie, et pour cause) de traiter la demande d’asile. Quand bien même, on le sait désormais, la plupart des personnes expulsées en Italie y sont renvoyées à la rue.
Comme nous l’avions prévu à l’ouverture du PRAHDA de Villeneuve lès Maguelone, au pied de la prison, au mois de septembre 2017, les dysfonctionnements s’empilent. Dimanche 26 novembre, vers 18h, le directeur du PRAHDA décide de faire une pression musclée sur un résident en fin de droits pour qu’il quitte immédiatement les lieux. De fait, celui-ci (ne maîtrisant pas le français) se serait retrouvé à la rue dans le froid et la nuit.
Du strict point vue de la loi, le directeur ne pouvait pas l’expulser de cette façon. Cela relève de la décision d’un juge. Le PRADHA, c’est le lieu d’hébergement de cette personne, le seul, aussi précaire soit-il. Et il appartient au PRAHDA de proposer une solution d’hébergement.
Les autres résidents se sont immédiatement portés solidaires et ont empêchés l’expulsion de leur camarade.
Ce matin, lundi 27 novembre, des bénévoles, des militants d’associations, des citoyens sont venus soutenir ce résident et d’autres qui vont se retrouver dans la même situation brutale de mise à la rue.
Cet épisode vient s’ajouter aux graves carences déjà constatées sur le lieu : pas assez de travailleurs sociaux pour l’accompagnement juridique, social, de santé des personnes migrantes. Avec, pour conséquences, l’impossibilité pour les personnes hébergées de vivre dans des conditions dignes et un suivi juridique insuffisant qui les empêche de faire valoir leurs droits.
Nous demandons un changement radical de la mission des PRADHA. Que les résidents en fin de droits ne soient pas mis à la rue, que de vrais moyens y soient mis en œuvre pour un réel accueil des personnes migrantes.