Rassemblement 2 Mai devant la préfecture /La presse en parle

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Montpellier : mobilisation devant la préfecture pour sept « dublinés »

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SOLIDARITÉ.Une trentaine de sympathisants du collectif Migrant-e-s Bienvenue 34 étaient rassemblées devant la préfecture ce mardi afin de demander l’arrêt de la procédure de « dublinage » des personnes migrantes demandant l’asile à Montpellier. Sept d’entre eux se sont vues confirmer leur renvoi vers l’Italie dans les jours qui viennent. Au risque d’une expulsion vers leur pays d’origine.

Le règlement Dublin III prévoit qu’un demandeur d’asile fasse sa demande dans le pays par lequel il est entré et contrôlé dans l’Union Européenne. Comme une épée de Damoclès pesant sur leur tête car beaucoup n’y restent pas. « En France, les migrants n’arrivent pas en Montgolfière ou en voilier au port de La Rochelle. Il est clair que l’on est beaucoup moins exposé que les pays comme l’Italie, la Grèce, l’Espagne, les routes des Balkans… et que ces routes se ferment. Les migrants prennent de plus en plus de risques pour passer » rappelle Nathalie, membre du collectif Migrant-e-s Bienvenue 34.

Une trentaine de personnes arrivées au CAO de Montpellier en novembre dernier étaient concernées par cette procédure Dublin III. La plupart ont été « dédublinés » et ont pu déposer leur demande d’asile en France : « Elle aboutira ou pas selon que l’Office Français des Réfugiés estimera qu’ils remplissent les critères des demandeurs d’asile. Mais en tout cas, ils ont la garantie que leur dossier sera examiné sérieusement et en attendant ils sont pris en charge par les structures » explique Nathalie. Pour autant, sept personnes du CAO sont encore concernées dont trois devant prendre l’avion demain matin à 6h et un qui devait embarquer ce matin mais qui pour des raisons médicales a vu son départ reporté en juin.

Arrêt de la procédure demandée

Une délégation menée par Thierry Lerch du collectif Migrant-e-s Bienvenue 34 a été reçue en préfecture, afin de demander aux autorités l’arrêt de la procédure. « Suite aux mobilisations précédentes, ils avaient accepté les demandes d’asiles de plusieurs « dublinés », aujourd’hui ils doivent accepter la loi sinon ils vont se faire taper sur les doigts. Ils nous disent qu’ils ne peuvent pas aller plus loin ». Détaille t-il à l’assistance émue et peinée par cette logique administrative au détriment de l’humain.

La préfecture a assuré à la délégation que les demandes d’asile seront traitées et acceptées en Italie. Inquiet, Thierry Lerch a transmis « les papiers comme quoi l’Italie avaient été poursuivies pour non seulement ne pas accepter correctement les réfugiés mais aussi pour les expédier au Soudan dans des conditions totalement inadmissibles. Ils sont restés totalement sourds à notre position ».

Derrière les chiffres, Hamdan

Avec deux collègues, Guillaume Bonnefont, journaliste-photographe à la Gazette de Montpellier, a parrainé deux Soudanais dont Hamdan devant être renvoyé en Italie demain matin : « Hamdan a été tasé en Italie pour qu’on le force à laisser ses empreintes donc il a été un peu traumatisé par l’Italie. Il a tout sauf envie de repartir là-bas. D’autant plus que l’on sait que là bas il y a des décrets qui sont en train de sortir afin d’accélérer la procédure pour rentrer chez eux. On demande juste à ce qu’il reste en France et qu’il fasse sa demande d’asile ici ».

Guillaume Bonnefont raconte qu’Hamdan ne dort plus depuis plusieurs jours : « Il a peur de repartir en Italie. Surtout, il y a une espèce d’injustice. Tous les autres ont été « dédublinés » et peuvent demander leur asile ici. Lui avec six autres personnes on leur demande de repartir. Ils ne comprennent pas et sont inquiets ».

Les larmes de Lucile Pinault, autre marraine d’Hamdan, à l’annonce de la décision de la préfecture montre les relations décrites par Guillaume Bonnefont : « On rencontrent des humains qui n’ont qu’une envie c’est de s’intégrer, qui sont pleins de bonne volonté et qui n’ont qu’une envie c’est d’apprendre le français. Dès qu’on leur propose de faire quelque chose, ils sont d’accords, ils ne demandent rien de plus que d’être avec nous. C’est une histoire qui commence par un déclic dans la tête et ça finit par un vrai attachement à des gens ».

La menace d’une expulsion au Soudan

Le collectif est particulièrement inquiet que l’Italie rejette les demandes d’asiles et expulsent les quatre migrants au Soudan. Le pays, qu’ils ont fuit car menacés de mort, est encore aujourd’hui dans le Sud en proie à la guerre civile. Nathalie, explique la situation particulière de notre voisin Transalpin : « En 2016, l’Italie a reçu 180 000 personnes, elle ne peut pas gérer ça toute seule. Le pays s’est fait taper sur les doigts parce qu’elle laissait passer 60% des gens. Elle les prend sous la contrainte en leur disant qu’ils ne pourront sortir des centres ou des commissariats que lorsqu’ils ont donné leurs empreintes et ensuite on leur dit qu’ils ont sept jours pour quitter le territoire italien. C’est ce qui ressort dans de plus en plus de récits que l’on recueille un par un et c’est quasiment constant ».

Nathalie ne blâme néanmoins pas l’Italie mais regrette un abandon général : « Les Italiens font ce qu’ils peuvent et se plaignent de cette absence de solidarité européenne. Après la mort du petit Aylan sur une plage grecque, la communauté européenne avait promis de relocaliser et répartir sur l’ensemble de l’Europe les demandeurs d’asile. La France avait promis d’en accueillir 30 000 en deux ans entre septembre 2015 et septembre 2017. Au bout d’un an on en n’avait même pas accueilli 4 000 en relocalisation. Et c’est la même chose en Grèce où les gens croupissent dans des camps en attendant que l’Europe les extraits ».

De manière ubuesque, l’Europe a parfaitement conscience de la situation puisque raconte Nathalie : « Il y a eu un arrêt de la cour européenne des droits de l’homme qui a condamné la Suisse, pour le « dublinage » d’une famille vers l’Italie alors qu’ils n’avaient aucune certitude d’être pris en charge, d’avoir les enfants scolarisés, d’être aidés pour un logement… C’était il y a plus d’un an et demi et la cour européenne avait émis de sérieux doutes sur la capacité de l’Italie à faire face sans la solidarité des autres pays européens à cette prise en charge ».

Hamdan et ses six compagnons sont désormais pris au piège de l’administration européenne et française. Un mécanisme froid que résume bien Nathalie : « Dès lors qu’ils vont ailleurs, puisqu’ils ne sont pas désirés en Italie, on leur dit vous êtes rentrés en Italie, vous repartez en Italie. C’est terrible pour ces gens qui ont déjà vécu le pire dans le pays qu’ils ont fuit, le pire pour arriver jusqu’en Italie et qu’ensuite on renvoie à la case départ ».

Le collectif Migrant-e-s Bienvenue 34 compte bien poursuivre et intensifier la mobilisation en espérant pouvoir changer le sort des sept « dublinés » . Le temps et l’administration jouent désormais contre eux.

  • Midi Libre3.05017midilibre