Expulsion de nos cinq autres amis soudanais assignés à résidence

Après Babiker il y a une semaine, l’état français et la préfecture de l’Hérault ont expulsé en 48h Mustapha, Hamdan, Abdallah, Abbas et Babo.

Les accords Dublin III signés par les états membres européens, rendent possible l’expulsion des réfugiés vers le premier pays dans lequel ils ont laissé leur empreintes en Europe. Cette procédure largement utilisée en France, s’est vue appliquée pour nos 6 camarades sous la responsabilité de la préfecture de l’Hérault. Depuis le 18 juillet, celle-ci les a aussi assignés à résidence alors qu’ils étaient hébergés en CAO afin de faciliter leur expulsion à moindre coût. Elle les a en effet contraints à se rendre chaque jour au commissariat avec leur effets personnels.

Babiker a été expulsé vers Bologne le 27 juillet, Mustapha, Hamdan ont été expulsés vers Milan ce lundi 31 juillet dans des vols séparés. Nous n’avons pas de nouvelles d’Abdallah. Aujourd’hui 1er août, après une nuit au CRA de Sète, Abbas et Babo ont quitté le CAO ce matin pour l’aéroport de Montpellier. Leur destination devrait être Milan via Paris. Nous n’arrivons pas à les joindre.

Au-delà des conditions stressantes, humiliantes et dégradantes de la mise en oeuvre de leur expulsion (assignation à résidence, pointage journalier au commissariat avec incertitude sur le jour et la destination de l’expulsion etc.), le Collectif Migrants Bienvenue 34 dénonce :

  • Que l’État français refuse de traiter la part convenue au niveau européen des demandes d’asile de réfugiés à laquelle il s’était engagé

  • Que l’État français et la préfecture de l’Hérault renvoient vers l’Italie des demandeurs d’asile soudanais en sachant pertinemment que des accords Italie/Soudan rendent possible l’expulsion vers leur pays d’origine. Le Soudan, pays en guerre civile, est dirigé par le dictateur El Béchir poursuivi par la Cour de Justice Internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide ! L’État français se rend complice des dangers de mort qu’ils peuvent encourir s’ils sont renvoyés là-bas.

  • Que contrairement aux propos tenus par la préfecture de l’Hérault et malgré nos informations répétées, les migrants en Italie ne sont pas accueillis dans des conditions leur permettant de déposer une demande d’asile : pas de traduction donc de compréhension des démarches à effectuer, menace d’expulsion vers le Soudan, hébergement pour certains et mise à la rue pour d’autres sans autre explication et perspective.

Cette situation est intolérable et obscène. Nous ne les abandonnons pas, nous poursuivons notre lutte, avec eux là-bas, pour les autres ici. L’élan de solidarité qui a eu lieu autour de nos 6 camarades et la colère engendrée par cette situation vont nous permettre de poursuivre la lutte contre l’inhumanité des procédures Dublin et pour l’accueil digne des migrant-e-s.

Parce qu’aucun être humain n’est illégal, nous sommes assigné-e-s à résistance !

2 commentaires

  • Je suis une des marraines de Abbas et je l’ai accompagné au commissariat central le premier jour de l entrée en vigueur de l assignation a résidence de nos 6 amis soudanais, puis le 1er août avec le seul Babo, les autres ayant été expulsés en Italie, et le 2 aout, hier, où malheureusement je ne l’ai pas vu ressortir du bureau où on les avait fait entrer Babo et lui, et j’ai compris que je ne reverrais plus Abbas, ils les ont emmenés sans même leur avoir permis de nous dire au revoir, les escamotant littéralement, et un responsable est venu nous dire qu il comprenait notre émotion, qu il était désolé (!) , qu,ils prendraient l avion de 6h20 pour Paris le lendemain. J étais sous le choc, un sentiment de colère et de perte, comme dans un deuil, Abbas a l âge de ma fille cadette. J’ai décidé de me rendre à l aéroport ce matin, je me suis retrouvé seule, impuissante, je ne les ai même pas vus, j’ai bien essayé d alerter l équipage du vol quand il est passé, ils ont eu l air gêné mais indifférent. J’ai passé la journée dans un état d abattement, m interrogeant sur l absurde qui consiste, pour Abbas et les autres, a revenir à la case départ après avoir franchi tant d obstacles et déployé autant d efforts. Enfin je me dis qu’il faut continuer à dénoncer les atteintes au droit d asile et aux droits humains perpétrées par la France et l Europe. J attends la prochaine réunion du collectif pour réfléchir ensemble a nos actions futures.
    Christiane R

  • Rectificatif a mon commentaire précédent: c’est le lundi 31 juillet et mardi 1er août que j’ai accompagné Abbas et Babo au commissariat, c’est le 1er qu’ils ont été arrêtés, je suis perturbée dans ma perception du temps

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